vendredi 16 février 2018

SENAFET: Avec la crise que traverse le Tchad, la vie des femmes rurales est très difficile.



Il ne peut y avoir de développement durable tant qu’une frange importante de la population active reste en marge du processus de développement.
Le secteur rural demeure incontestablement l’un des principaux moteurs de croissance de l’économie au Tchad, depuis l’indépendance jusqu’aujourd’hui, à court et moyen terme à cause de la forte implantation en milieu rural des populations tchadiennes (80%) qui pratiquent l’agriculture et l’élevage.
Les femmes rurales, qui représentent un quart de la population mondiale, sont majoritaires (52 %, soit près de 5 millions d’habitantes). Selon les données du dernier recensement de la population, la force de travail dans les domaines agricoles et l’élevage et cueillettes sont constituées entre 50 et 70% par les femmes.
Les femmes produisent toutes sortes de cultures vivrières. A cet effet, elles cultivent, achètent, vendent, cuisinent et nourrissent leurs enfants et leurs familles. Elles accomplissent la plupart du travail agricole et cultivent plus de la moitié de la nourriture à l'échelle nationale. Leurs contributions sont cruciales pour le bien-être de leurs familles et de leurs communautés ainsi que pour les économies locales et nationales.
C’est aussi vrai pour la femme rurale à l’échelle de l’Afrique. Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), les femmes africaines rurales produisent 80% de la nourriture et effectuent la majorité du travail d'entreposage, de transport et de commercialisation des produits. Ces femmes produisent la majeure partie des cultures vivrières, en particulier dans le cadre de l’agriculture et l’élevage de subsistance et effectuent la plus grande part des travaux domestiques non rémunérés dans les zones rurales
Cependant les femmes rurales sont confrontées à plus de difficultés que les hommes, notamment, en ce qui concerne l’accès aux services publics, à la protection sociale, aux opportunités d’emploi, etc. à cause notamment d’un manque d’éducation. Elles n’ont pas accès à la propriété des terres. Ainsi, leur production ne leur appartient pas et elles ne peuvent obtenir de crédits. Les hommes accaparent tous pour investir dans l’alcool ou pour satisfaire leurs libidos alors que les femmes rurales subissent la volatilité des prix alimentaires.
Les ressources tirées de leur activité ne sont pas suffisantes pour l’accès à l'éducation, au matériel végétal et aux soins de santé.
La principale entrave au développement des femmes rurales est l’état d’analphabétisme qui concerne plus de 60 % des femmes en milieu rural. Pourtant l’instruction constitue un facteur clé du développement social et économique en ce qu’elle offre plus de chance à l’être humain pour s’assurer une vie meilleure et participer pleinement à son propre développement, puis à celui de sa communauté. Il existe une forte corrélation entre le niveau d’instruction d’une population d’un pays et son développement socio-économique. Il est démontré qu’il ne peut y avoir de développement durable tant qu’une frange importante de la population active reste en marge du processus de développement, faute de capacités professionnelles.
La forte proportion de femmes analphabètes que présente le monde rural, et ce malgré les multiples efforts fournis par les acteurs éducatifs, à travers les différents projets et programmes d’alphabétisation qui y ont été exécutés depuis l’indépendance, limite de fait, la participation de cette composante de la communauté aux actions de développement et la prise en main par celles-ci, de son propre devenir.
Par ailleurs, l’environnement économique et les conditions sociales dans lesquelles vivent les femmes en milieu rural sont tels que celles-ci sont dans un état de pauvreté généralisé qui, malheureusement risque de se perpétuer avec cette crise que traverse le Tchad et la corruption qui règne du sommet jusqu’au bas de l’échelle. En effet, les femmes rurales vivent dans une sorte de cercle vicieux dont il leur est difficile de sortir sans des actions d’envergure. La situation de pauvreté des femmes milieu rural est telle que beaucoup d’entre elles ne peuvent accéder à une éducation de base conséquente. Les conditions socio-économiques des parents en général, celles des femmes en particulier font souvent que des enfants en âge d’aller à l’école ne sont pas inscrits dans des établissements scolaires, ceux parmi eux qui accèdent à l’école quittent le système sans avoir fini le cycle de base.
Une autre caractéristique des femmes rurales, est que du fait qu’elles vivent en milieu rural et dans un état ambiant d’analphabétisme, elles ne sont pas organisées, et donc arrivent rarement à mettre en synergie leurs forces, leurs capacités et leurs intelligences et tirer meilleur profit des actions à leur portée. Il faut également souligner le manque de compétences techniques et professionnelles chez les femmes rurales qui ne permet pas de donner de la valeur à leurs produits, faute de formations techniques et spécifiques sur leurs activités de subsistance. 

En conséquence, il est nécessaire d’élaborer un programme d’appui à la femme rurale en vue de contribuer à l’amélioration des conditions socio-économiques à travers des activités porteuses que conduiraient les femmes bénéficiaires elles-mêmes et qui s’appuie sur des actions éducatives. C’est le sens de l’autonomisation des femmes vivant en milieu rural et périurbain par le renforcement de leurs capacités économiques.
Jean Philippe Odinakachi

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