jeudi 21 juin 2018

Les Points focaux pour le suivi de la mise en œuvre des ODD au Tchad


 Cérémonie d'ouverture de l'atelier de formation/JPO
Le ministère de l’économie et de la planification du développement à travers la coordination nationale des ODD renforce les capacités des points focaux pour le suivi de la mise en œuvre des ODD. C’est atelier de deux jours, est inscrit dans le programme de travail annuel du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pour l’appui au gouvernement Tchadien pour le renforcement des capacités en planification stratégique du développement, et la mise en œuvre des ODD. Au cours de cet atelier de formation plusieurs présentations ont été faites par des spécialistes des ODD. Dr Daniel GBETNKOM, Economiste Principal du Bureau du PNUD au Tchad a fait une présentation sur le thème : Des OMD aux ODD : historique et genèse des agendas internationaux de développement. Pour Dr Daniel, Au Tchad, les progrès vers l’atteinte de lOMD 1 demeurent en deçà des attentes au Tchad. De 55.9% en 1990 la proportion des  populations vivant en dessous du seuil de l’extrême pauvreté s’est élevée à 58.7% en 2005 avant de diminuer progressivement pour atteindre 46.7% vers la fin du cycle. Malgré le regain de la croissance économique forte, l’incidence de la pauvreté est restée élevée au dessus de 27.95%. Chômage essentiellement urbain et croit avec le niveau déducation (5.3% pour non scolarisés, 10.4% pour fin du supérieur).  Pour lui, le Tchad a adopté les OMD et les a incorporés dans les différents documents de planification stratégique. Au moment où le cycle des OMD s`achève, les Nations Unies avec toute la communauté internationale élaborent l’Agenda sur les ODD. Cet Agenda qui couvre 2016-2030 est traduit en 17 Objectifs de Développement Durables (ODD) avec autour de 169 cibles et  environ 300 indicateurs, pour le suivi de sa mise en œuvre. L’intervenant a également souligné que l’agenda sur les ODD est regroupé en 5 domaines couverts ou 5 P: (l’humanité, la planète,  la prospérité, la paix et les partenariats). D’ores et déjà, les thématiques nouvelles comme l’industrialisation, l’urbanisation, les technologies de production et de consommation durables, la paix, les services énergétiques modernes, vont nécessiter la mise en place au niveau de l’INSEED, de systèmes d’informations statistiques basés sur un système approprié de collectes régulières de données pour le suivi des progrès accomplis. Ainsi, les pouvoirs publics devront redoubler d’efforts pour instaurer une bonne Gouvernance politique, économique, sociale et environnementale et mobiliser des ressources afin d`élargir de ce fait, leur espace budgétaire s’ils entendent faire de grands progrès vers l`atteinte des cibles des  ODD tout au long des 15 prochaines années.
 
Dr Daniel GBETNKOM, Economiste Principal du Bureau du PNUD au Tchad/JPO
Au cours de cet atelier, le Coordinateur National ODD Moussa Adji a axé son intervention sur les regards croisés des ODD et le PND 2017-2021. Dans sa présentation, on note que le processus de mise en œuvre des ODD au Tchad est assuré par le Ministère de l’Economie et de la Planification du Développement. La « Vision 2030 - le Tchad que nous voulons »  a été élaborée pour prendre en compte la volonté du Gouvernement, mais également les aspirations du peuple Tchadien qui se sont exprimées lors des différentes consultations nationales et régionales organisées à travers le pays en 2015. Le PND 2017-2021 résulte des conclusions tirées de la mise en œuvre du Plan National de Développement (PND 2013-2015), de la vision 2030 et de ses orientations politiques et stratégiques, et des agendas internationaux.  En ce qui concerne la lecture croisées entre la Vision 2030/PND 2017-2030 et ODD : le coordinateur affirme qu’on peut retenir : le renforcement de l’unité nationale avec quatre sous axes : la promotion d’une culture de paix et de cohésion nationale ; le renforcement de l’équité sociale ; le développement des valeurs culturelles et le redimensionnement du rôle de la culture comme levier de développement inclusif/04 cible 4.7. Il a incité sur le renforcement de la bonne gouvernance et de l’Etat de droit.
Durant deux jours plusieurs autres thèmes ont été développés par les intervenants : le rôle l’Assemblée nationale dans le suivi de la mise en œuvre des ODD est faite par le député keda ballah, rapporteur général de la commission spéciale ODD à l’Assemblée nationale et le rôle du secteur privé et de la société civile dans la mise en œuvre des ODD. Les participants ont aussi bénéficié des informations sur le fonctionnement du réseau des points focaux pour le suivi de la mise en œuvre des ODD au Tchad. 

Banque Mondiale: Défi de l’urbanisation en Afrique de l’Ouest

Les journalistes Tchadiens autour du Representant Résident de la Banque Mondiale au Tchad/JPO

 Les questions de développement au Tchad, en Guinée, au Mali et au Niger sont traitées dans un rapport de la Banque Mondiale. Ce rapport intitulé « bilan économique AFCW3 » vise à susciter un débat public sur les évolutions macroéconomiques et structurelles importantes afin de soutenir la réduction de la pauvreté.
La Banque Mondiale a convié plusieurs journalistes des pays concernés par ce rapport à participer à une vidéo conférence ce mercredi dans ses sièges nationaux à Bamako, Conakry, Niamey et N’Djamena. Dans la capitale tchadienne, 25 participants constitués des journalistes des médias publics, privés, les correspondants des médias panafricains et internationaux ont assisté à cette vidéo conférence. Plusieurs membres du Groupe d’ Etudes et de Recherches-Action en Média, Communication et TIC « Tchad-Strategy-Media »  ont activement ont pris part à cette conférence. Pour rappel, le Groupe « Tchad-Strategy-Media » est un Think Tank orienté vers les études et la recherche géostratégique pour le développement durable. Tchad-Strategy-Media s’emploie à accompagner tous les acteurs et les professionnels des médias dans l’implémentation des ODD dans les politiques publiques nationales et la mise en cohérence entre l'Agenda 2030 des Nations-unies « l'Afrique que nous voulons » et l'Agenda 2063 de l'Union africaine.
Au sein du bureau de la Banque Mondiale N’Djaména, le Représentant Résident François Nankobogo et l’économiste pays Lanre Kassim ont participé à cette vidéo conférence. Leur présence au côté des professionnels des médias et de la communication témoignent de l’importance que la Banque Mondiale accorde aux hommes des médias en leur qualité d’acteurs de développement.
Cette vidéo conférence a été ouverte par la Directrice des opérations de la Banque Mondiale Tchad, Guinée, Niger et Mali, Soukeyna Kane. « Ce rapport encourage l’échange d’idées sur  des questions les plus cruciales pour la région du Sahel. Le document est un vecteur novateur pour la Banque Mondiale, et pour la région AFCW3 (Afrique centrale et Occidentale) en particulier. Elle vise à informer les médias et à proposer des réformes prioritaires qui ne sont pas encore engagées ni débattues dans ces quatre pays », note la directrice.  
Mais au cours de cette vidéo conférence, les journalistes tchadiens ont tous déploré le fait que le Tchad n’a pas figuré dans l’étude. Tous ont demandé à la Banque Mondiale de corriger ce manquement très capital. La Directrice des opérations de la Banque Mondiale Tchad, Guinée, Niger et Mali, Soukeyna Kane a pris bonne note et entend organiser des discussions en interne. Les questions liées à la disparité dans le développement des villes des pays francophones et anglophones en matière décentralisation et d’urbanisation n’ont été occulté par les journalistes tchadiens. Qu’entend faire la Banque Mondiale pour aider les pays à accompagner le développement des villes à partir de la croissance démographique ?
En ce qui concerne la Guinée, le Mali et le Niger, ces trois autres pays connaissent une urbanisation rapide et désordonnée. Les capitales Bamako, Conakry, Niamey dominent le paysage urbain national. Chaque capitale revêt une importance économique considérable. Malgré leur importance pour leur économie nationale, ces trois capitales ne sont pas des moteurs de croissance et de prestation de services efficaces. Aucune d’elles ne peut parvenir à accroître sa compétitive ni à garantir des services urbains à ses habitants.  
Les journalistes Tchadiens pendant la vidéo conference à la Banque Mondiale/JPO
Durant 1h 30mn, trois sous thèmes ont été développés : débloquer la productivité et la qualité des vies dans trois villes d’Afrique de l’Ouest, présenté par Meskerem Brhane. Selon lui, les villes offrent de multiples avantages. Elles permettent aux travailleurs de vivre à proximité de leur lieu de travail, multiplient les opportunités et favorisent la productivité. Cependant, malgré leur importance pour l’économie nationale, ces trois capitales ne sont pas des moteurs de croissance et de prestation de services. Meskerem Brhane souligne que les villes de Bamako, Conakry, Niamey disposent d’une fenêtre d’opportunité restreinte pour coordonner et investir dans les réformes, les infrastructures et les institutions, qui auront des conséquences considérables dans le futur. Ces trois villes peuvent devenir des municipalités productives, viables et habitables. Quant à l’économiste senior, spécialiste des analyses de la pauvreté Yele Batana a présenté le dossier pays : défis du développement économique et social de la Guinée. Dans un dossier spécial, l’intervenant explique que la Guinée est un pays doté d’un héritage historique riche, avec des ressources naturelles en abondance, une population en croissance rapide et une localisation géographique privilégiée. Mais l’urbanisation en Guinée n’a pas été bien gérée et les bénéfices économiques de la dynamique d’agglomération restent aléatoires. Enfin un bref aperçu de la situation économique régionale a été évoqué par Jose Lopez-Calix, responsable régionale des programmes macroéconomiques. Les intervenants on rappelé que fidèle à son mandat, la Banque Mondiale œuvrera pour réduire la pauvreté et promouvoir une prospérité partagée.

jeudi 7 juin 2018

Le Tchad est le pays le plus exposé au réchauffement climatique


Dans une récente étude portant sur la vulnérabilité climatique de 186 pays, c’est le Tchad qui a été classé comme le plus en danger. La combinaison entre une grande pauvreté, des conflits récurrents et le risque de sécheresse et d’inondation place ce pays d’Afrique centrale tout en bas de la liste, juste derrière le Bangladesh et bien loin de la Norvège, pays considéré comme le moins vulnérable au réchauffement.
Comment expliquer ce résultat ?
Il faut tout d’abord rappeler que le Tchad est l’un des pays les plus pauvres au monde. Près de 87 % de ses habitants sont classés comme pauvres au regard de l’Index multidimensionnel de la pauvreté qui évalue les situations en fonction de critères d’éducation, de santé et de conditions de vie. Ce qui place le pays en 4e position mondiale ; même chose pour la proportion des « sans ressources », le degré le plus extrême de pauvreté, qui s’élève à 63 %.
Une situation renforcée par les conflits armés. Depuis que le pays s’est libéré de la tutelle française, il y a eu la guerre civile et conflits incessants. Tout pays exposé à la pauvreté ou au conflit sera toujours plus vulnérable, mais la géographie du Tchad le rend particulièrement fragile face au changement climatique. Avec ses 1,28 million de kilomètres carrés, il est plus vaste que le Nigeria et deux fois plus grand que l’État du Texas. 90 % environ de ses 10 millions d’habitants vivent dans la partie sud du pays, celle située au nord s’avançant profondément dans le Sahara.Une grande part des Tchadiens vivent de l’agriculture de subsistance et de l’élevage du bétail. Dans le nord du pays, les zones semi-désertiques du Sahel servent de pâturages pendant la saison des pluies, tandis que les champs fertiles du sud fournissent la majorité des cultures marchandes et vivrières. Quand la saison sèche démarre, les éleveurs emmènent leurs troupeaux vers le sud où ils se nourrissent des restes de récoltes. 
 
Un climat changeant 
 
Depuis le milieu du XXe siècle, le Tchad connaît des hausses de températures et des précipitations en baisse. 90 % du lac Tchad, le plus grand du pays, a disparu ces 50 dernières années sous l’effet conjugué de sécheresses et d’une augmentation des prélèvements d’eau pour l’irrigation. Les études prévoient une intensification de ce climat sec et aride tout au long du XXIᵉ siècle, ce qui signifie moins de rendements agricoles, des pâturages dégradés, et un quotidien difficile pour ceux qui dépendent du lac Tchad.Les zones rurales sont les plus exposées à ce changement climatique, or c’est ici que se concentrent la plus grande part de population et la pauvreté. Ce qui ne veut pas dire que les zones urbaines soient épargnées, les villes du pays en pleine expansion devant trouver les moyens d’accueillir les nouveaux résidents. Selon la Banque mondiale, la gestion des eaux usées, l’évacuation des eaux de pluie ou encore la collecte des déchets sont insuffisantes. En situation d’inondations, comme ce fut le cas en 2010, 2011 et 2012, les infrastructures ne pourront certainement pas faire face et les eaux usées non traitées pourraient contaminer l’alimentation en eau potable, créant un risque sanitaire avec l’apparition de maladies infectieuses comme le choléra. 
 
Le défi démographique 
 
La population tchadienne est jeune et le fort taux de chômage de cette jeunesse a déjà provoqué des remous dans la capitale N’Djamena. Or la vulnérabilité climatique empire dans un contexte de conflits ou de troubles civils, les communautés victimes des sécheresses ou inondations ne pouvant recevoir l’aide nécessaire pour faire face à ces catastrophes liées au changement climatique.Il faut aussi prendre en compte les 300 000 réfugiés du Darfur présents dans le pays, à la frontière avec le Soudan ainsi que les 67 000 réfugiés de RDC vivant dans des camps à sa frontière sud. Des milliers d’individus qui prennent leur part des ressources limitées du pays, ce qui ne manque pas de créer de la rancœur, voire des affrontements avec la population tchadienne.Il faut ajouter à ce sombre tableau la crise alimentée par Boko Haram qui agite le nord du pays et ses répercutions sur la région du lac Tchad, qui compte désormais plus de 60 000 personnes déplacées ; à ce chiffre viennent s’en ajouter des milliers d’autres non comptabilisées. C’est une situation inquiétante pour un pays dont la jeunesse sans emploi et inquiète constitue une proie facile pour le groupe islamiste en termes de recrutement et de radicalisation. 
La marche à suivre 
Malgré toutes ces difficultés, l’atténuation des conséquences du changement climatique est possible. Par exemple, les agriculteurs de la zone sahélienne semi-aride ont recours à une méthode de collecte des eaux de pluie appelée Zaï, leur permettant de cultiver avec succès. Cette technique consiste à creuser de petits trous pour y semer les plantes. Le trou ainsi creusé retient l’eau de pluie pour une longue durée, se révélant très efficace quand l’eau vient à manquer.La technique Zaï a été perfectionnée grâce à l’apport de compost placé dans les trous, permettant d’apporter les nutriments nécessaires aux plantations. Cela a permis de restaurer des sols très dégradés et d’accroître de manière significative le rendement des cultures vivrières.L’agroforesterie, soit la combinaison de cultures et d’arbres dans un même champ, peut aussi aider à atténuer les effets du changement climatique et à s’y adapter. Les racines des arbres stabilisent en effet les sols, leur permettant de résister à l’érosion provoquée en cas de pluies intenses ; cela permet également de participer à leur fertilité grâce aux feuilles en décomposition.Il est évident que la bonne santé économique d’un pays reste la meilleure manière de faire face au changement climatique. Le Tchad a commencé à produire du pétrole en 2003 ; il représente désormais 93 % de ses exportations. Ce qui veut dire que le pays est à la merci de la baisse des cours du brut. Quand ce fut le cas, fin 2014, le Tchad a ainsi connu un considérable manque à gagner. Inutile d’insister sur le fait qu’un pays sans moyen ne peut combattre les catastrophes naturelles imputables au changement climatique.

Le Tchad ne pourra profiter des revenus du pétrole indéfiniment. L’agriculture demeure le pilier de son économie et, à long terme, développer des cultures et des élevages durables représente la solution pour créer des emplois et assurer la sécurité alimentaire.

Et si les agriculteurs africains avaient accès aux technologies de semences nécessaires ?



Des médias et des chercheurs de confiance nous ont dit que le Kenya était sur le point d’accepter la biotechnologie dans l’agriculture. Je l’ai dit moi-même. Et maintenant, le président Kenyatta semble dire la même chose. Le Business Daily a récemment rapporté que « Le président Uhuru Kenyatta parie sur la production de masse de coton génétiquement modifié pour créer 50 000 emplois. » Un autre rapport récent, celui du Centre Africain des Biosciences (CABI) affirme que « l’agriculture est essentielle à la croissance économique de l’Afrique subsaharienne, et pourtant les rendements agricoles moyens en Afrique sont parmi les plus bas au monde. Plus de 80% d’entre eux en dépendent, mais nombreux sont ceux qui ont des difficultés à produire suffisamment de denrées de bonne qualité ».

Il est vrai que les agriculteurs savent que certaines années sont bonnes et d’autres mauvaises.

Avec les pluies qui sont arrivées plutôt tôt cette année, j’ai commencé, comme beaucoup d’autres agriculteurs kényans, à semer du maïs dans ma petite ferme de Kapseret, dans le comté de Uasin Gishu. Cette fois-ci, j’espère que l’année sera meilleure que le cauchemar de 2017, quand j’ai subi ce qui pourrait être la pire année de ma vie dans l’agriculture. C’est comme ça que je me souviendrai de 2017.
Sur mes terres dans l’ouest du Kenya, tout s’est mal passé. D’abord, après le semis dans la dernière semaine de mars, une période de sécheresse a frappé notre région. Mes cultures n’ont pas germé et j’ai dû ressemer à la mi-avril. À nouveau, les graines ont dû lutter pour germer et pousser.
Les reportages ont décrit l’épreuve comme la pire sécheresse en Afrique de l’Est depuis six décennies. C’était certainement la pire que j’aie jamais vue.
Puis vinrent les ravageurs. Les chenilles légionnaires – des larves de papillons qui attaquent avec une férocité militaire – se sont régalées de mon maïs. J’ai essayé de les contrôler avec des insecticides fournis par le gouvernement de mon comté, mais elles m’ont submergé. En raison de leur assaut implacable, j’ai perdu plus de la moitié de ma récolte.
Si rien d’autre n’avait mal tourné, l’horrible sécheresse de la saison des semailles et l’infestation par les légionnaires qui a suivi auraient fait de 2017 une année terrible pour l’agriculture.
Mais les choses sont allées de mal en pis. Les pluies battantes de septembre et d’octobre ont emporté une partie de ce qui restait de mes récoltes. Au moment de la récolte, il ne restait presque plus rien ; la plus grande partie de ce qui restait à récolter avait été endommagée par la pluie.
Les agriculteurs souffrent rarement seuls : d’autres producteurs de ma région ont partagé mon triste sort. Et quand le grenier du Kenya ne produit pas, les gens ont faim. Ils souffrent aussi d’autres façons. Je suis convaincu que la récente agitation politique de mon pays, avec ses protestations violentes et ses élections présidentielles annulées, était due au moins en partie à l’insécurité alimentaire.

Cela me fait réfléchir : les choses doivent-elles être comme ça ?

Si le Kenya avait adopté les technologies OGM il y a des années, quand il en avait la première occasion, nous aurions probablement réduit nos pertes. Les plantes présentant des caractères de résistance à la sécheresse auraient peut-être survécu à la période de sécheresse. Les cultures résistantes à des parasites auraient peut-être fait face aux chenilles légionnaires. Les cultures résistantes aux inondations auraient peut-être survécu aux pluies torrentielles.

Tout aurait pu être un peu mieux

Malheureusement, notre gouvernement a tergiversé pour la commercialisation des produits que les agriculteurs de nombreux autres pays tiennent pour acquis. En Amérique du Nord et du Sud, les agriculteurs ont planté des millions et des millions d’hectares d’OGM. Les agriculteurs de pays africains tels que l’Afrique du Sud et le Burkina Faso [ma note : ce n’est – provisoirement ? – plus le cas au Burkina Faso] utilisent également des OGM. Pour eux, les OGM sont ordinaires et conventionnels – et j’envie ce qu’ils ont.
Je ne peux pas m’empêcher de penser que les semences GM auraient aidé le Kenya à relever ses défis en matière de sécurité alimentaire en 2017. Nous sommes maintenant confrontés à une famine imminente ; de nombreuses régions du pays ont été touchées par des pénuries alimentaires.
Je serai le premier à admettre que le salut ne vient pas seulement des OGM. La technologie ne peut pas vaincre Mère Nature : il y a simplement des années qui sont mauvaises pour l’agriculture. Pourtant, les OGM ont le potentiel de rendre les mauvaises campagnes un peu moins terribles et de transformer les bonnes campagnes en grandes saisons, d’autant plus que nous sommes aux prises avec le changement climatique et d’autres problèmes.
Les régulateurs de la biosécurité du Kenya prévoient enfin de nous laisser faire un pas en avant important en 2018, et ce, en autorisant des essais en plein champ de maïs par la KALRO [Organisation Kényane de Recherche en Agriculture et Élevage] et l’AATF [Fondation Africaine pour les Technologies Agricoles] à Kitale, non loin de chez moi. Si ceux-ci réussissent, nous pourrions profiter de la commercialisation des semences de maïs GM d’ici 2019. Le cotonnier GM est également sur les rangs !

Les Ougandais adopteront les OGM

Mieux vaut tard que jamais, mais encore une fois, cette innovation n’arrive pas assez tôt. Lorsque les agriculteurs kényans auront accès aux semences GM, la sécurité alimentaire de notre pays s’améliorera presque immédiatement. Cela ne résoudra pas toutes nos difficultés en agriculture, comme les mauvaises routes et l’accès limité au crédit, mais cela nous aidera à mieux nourrir nos gens.
Nous devons également rester dans la course avec les agriculteurs de l’Ouganda voisin, dont le Parlement a approuvé en octobre l’adoption des OGM [ma note : comme rapporté sur ce site, il y a eu un nouveau contretemps]. Cette décision éclairée donnera aux agriculteurs ougandais les moyens de résister à la flétrissure du bananier, une maladie bactérienne mortelle qui touche une culture de base. (Pour comprendre le problème, plus le potentiel de la biotechnologie pour le résoudre, voir « Food Evolution », un excellent nouveau documentaire qui inclut des images d’Ouganda, d’Afrique du Sud et d’ailleurs.) Comme le dit le Genetic Literacy Project [Projet d’Alphabétisation Génétique], nous avons besoin de cultures qui sont génétiquement améliorées pour résister aux changements climatiques, à la faible disponibilité en eau, à la salinité croissante des sols et aux attaques de pathogènes et d’insectes.
Les Kényans commercent beaucoup avec les Ougandais, et ma ferme est en fait plus proche de la frontière que de Nairobi, le centre économique et politique de mon pays. Lorsque les Ougandais adopteront les OGM, nous verrons des produits alimentaires ougandais inonder nos marchés : les bananes, le maïs, le riz, le sorgho, le manioc, le sucre et plus encore.

les agriculteurs continueront à avoir de bonnes années et de mauvaises années

C’est une bonne chose parce que le commerce a la capacité d’améliorer la situation de tout le monde. Les personnes affamées ne se soucient pas de savoir où leur nourriture a été produite. Après tout, les journaux rapportent que le Kenya prévoit d’importer pour Kes. 6.6 millions [53.000 euros] de maïs de l’Ouganda. Pourtant, nous voulons aussi que nos propres agriculteurs soient compétitifs et puissent exporter des produits alimentaires kényans en Ouganda et ailleurs. C’est une bonne démarche économique. C’est aussi une bonne chose pour la sécurité alimentaire, pour nous et pour les autres.
Le succès exigera l’accès aux dernières technologies. À l’heure actuelle, nous sommes un peu en retard par rapport à l’Ouganda, et bien plus par rapport au monde développé. Nous devons rattraper ce retard.
Si nous le faisons, les agriculteurs continueront à avoir de bonnes années et de mauvaises années, mais peut-être que les pires ne seront pas aussi difficiles que 2017 ; la campagne 2018 a peut-être démarré sur de bonnes bases : le président Kenyatta mise sur le cotonnier Bt pour mener à bien son programme Big 4 et les pluies sont plus que suffisantes.


* Gilbert Arap Bor est agriculteur, à Kapseret, Kenya. Il cultive du maïs, des légumes et a des vaches laitières sur une petite ferme de 10 hectares près d’Eldoret, au Kenya. M. Bor, professeur à l’Université catholique de l’Afrique de l’Est, à Eldoret Campus (Gaba), est un membre du Truth About Trade & Technology Global Farmer Network et a reçu en 2011 le Kleckner Trade & Technology Advancement Award.

Recommandations du Colloque Regional sur la Radicalisation et l’Extremisme Violent dans le Sahel

Le colloque régional, qui a eu lieu à Bamako du  11 au 13 octobre 2016; sur le radicalisme et l'extrémisme violent a fait d'impo...